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Au milieu des années 70, un jeune homme venu de Leningrad sinstalle à Mirnoïé, sur les bords de la mer Blanche, afin d'étudier pour sa thèse les coutumes et traditions de ce village. Là, depuis la guerre, le temps semble sêtre arrêté. Un jour, le narrateur remarque une belle femme dâge mûr tirer des filets au bord du lac. Épargnée par le temps, encore belle, institutrice dans un village voisin, Véra semble avoir consacré sa vie à lattente, celle du retour de son fiancé parti au front trente ans auparavant et dont elle na jamais reçu aucune nouvelle. Andreï Makine est lécrivain de la pudeur par excellence. Sa phrase, élégante sans être ampoulée, retient lessentiel. Au fur et à mesure que le récit se déroule, quun lien intime se tisse entre le narrateur et Véra, un charme particulier opère et se diffuse. Entre le narrateur contestataire du régime Brejnev et cette femme solitaire, hors du temps, rien ne se dit, ou presque. Et pourtant, par effleurements, on touche du doigt lâme du peuple russe dans sa fièvre dévastatrice et sa mélancolie tragique. Il monte graduellement dans ce récit un élan vers une belle spiritualité qui relie les êtres entre eux par-delà leurs différences. Et ce sentiment nous semble encore plus beau et plus profond que lamour.
--Denis Gombert --Ce texte fait référence à l'édition Broché .